ABA-KIN : Conversation sur la reconstitution du patrimoine culturel congolais

Restaurer la mémoire collective, transmettre l’héritage du passé aux générations futures, sensibiliser les congolais sur l’importance à recréer l’histoire. La question de la reconstitution du patrimoine culturel congolais, étape qui prépare sa restitution, a fait l’objet d’une conversation le vendredi 13 juin à l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa.

Reconstituer le patrimoine culturel congolais, c’est réactiver la dynamique de notre spiritualité et protéger la valeur de la sacralité. Cette question majeure est un véritable tournant d’une réappropriation de nos expressions culturelle, spirituelle et cultuelle. Il est question ici de marteler sur la réparation, la restauration mais surtout le dialogue comme norme du centre afin d’arriver au rapatriement effectif de ces biens culturels.

Historien de l’art, le Professeur Joseph Ibongo a, en marge de la conversation sur la reconstitution du patrimoine culturel congolais conduite par Madame Prisca Tankwey, Cheffe du Département de Peinture, souligné l’importance de léguer à la jeunesse l’héritage patrimonial. Cela passe impérativement par une meilleure sensibilisation de la question et de sa participation dans l’éducation du peuple.

« Nous sommes convaincus des valeurs de ces biens culturels pour qu’ils participent à l’éducation du peuple et à certains apprentissages artistiques. Nous avons un devoir de conservation, un devoir de protection du patrimoine », a-t-il souligné.

Docteur en philosophie et membre de la Commission nationale chargée du rapatriement des biens, des archives et des restes des corps humains spoliés du patrimoine culturel congolais, le Professeur Jean Bwiza est quant à lui revenu sur le travail de la commission, les conditions d’acquisition des objets et leur trafic illicite. Il a expliqué que l’étape de la reconstitution est celle de la préparation avant la restitution proprement dite.

« Pourquoi on a voulu parler de la reconstitution sans pour autant parler tout de suite de restitution ? C’est tout simplement parce qu’il y a un travail qui se fait à deux niveaux : le niveau interne, l’autre volet c’est celui de la restitution. La commission a pour tâche d’identifier où se trouverait le patrimoine rd-congolais qu’il convient de restituer au pays », a-t-il expliqué.

Prenant la parole à son tour, Mit Makambu, conservatrice-restauratrice des œuvres d’art a, citant Cesare Brandi, appelé à recréer l’histoire. Elle a insisté sur la reconstitution dans l’espace de l’œuvre et sur la spiritualité. « La question de la reconstitution du patrimoine, ce n’est pas seulement les œuvres, mais tout ce que le Congo avait, l’esprit, la mentalité etc. », a-t-elle souligné.

Pour rappel, le décret portant création, organisation et fonctionnement d’une Commission nationale chargée du rapatriement des biens, des archives et des restes des corps humains spoliés du patrimoine culturel congolais, a été adopté en novembre 2022.

Leave a Reply