Dans la perspective d’un monde technologiquement évolutif, l’Intelligence Artificielle s’imbibe comme une éponge à notre vie quotidienne. Cet outil puissant impacte notamment sur les Métiers des Beaux-Arts en démocratisant la création. Cette question aux enjeux pluriels a fait l’objet d’une matinée scientifique le vendredi 4 juillet dans la salle du Musée de l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa.
La chaîne des valeurs de l’art allant de la création à la commercialisation en passant par la conservation connaît des bouleversements majeurs avec l’avènement de l’Intelligence Artificielle, outil résolument essentiel mais qui nécessite une utilisation à bon escient. Les enjeux autour de l’IA sont de taille et déterminent une révolution créant une interaction et de la complémentarité avec l’intelligence humaine.
Ecole d’art d’excellence qui essaie couramment de répondre aux questions scientifiques et artistiques cruciales dans le cadre de ses ateliers de la pensée, l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa a, au cours de la matinée scientifique sur « Les métiers des Beaux-Arts face à l’émergence de l’Intelligence Artificielle », tablé sur des spécialistes outillés sur la question afin de relever les différentes problématiques et de proposer des solutions.
Directeur général de l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa, le Professeur Henri Kalama Akulez a souligné, citant Thomasset, l’urgence de réfléchir sur le thème de l’activité. « Les nouvelles technologies de l’information et de la communication, mais plus spécifiquement, l’Intelligence Artificielle générative s’insinuent dans tous les secteurs de notre vie », a-t-il précisé.
Outil puissant à l’impact révolutionnaire, l’IA soulève pourtant plusieurs problématiques. « La problématique, c’est d’abord la menace des œuvres protégées. Et la deuxième problématique, c’est la disparition d’un certain nombre de métiers par le transfert de savoir-faire à une Intelligence Artificielle », a relevé le Professeur Kodjo Ndukuma, Docteur en Droit. Il a renchéri abordant la problématique des droits d’auteur en ces termes : « Sur le plan du droit, il y a une fermeture des portes. On suppose que l’Intelligence Artificielle ne peut pas avoir une titularité des droits; ça veut dire : si vous avez co-crée avec l’Intelligence Artificielle , même si on sait que c’est l’IA, l’œuvre vous appartient toujours, mais demain, lorsque toutes ces plateformes de l’Intelligence Artificielle qui sont les vraies propriétaires de cet outil vont commencer à réclamer leur signature artistique sur toutes les œuvres produites, en ce moment-là on sera pris dans l’étau. »
Pour sa part, le Professeur Jean-Chrétien Ekambo, Docteur en Communication, conçoit l’Intelligence Artificielle comme un gain qui s’inscrit dans la multicanalité, c’est-à-dire là où tout s’intègre selon les dimensions différentes. D’où, l’artiste ne doit se laisser emballer par l’IA. Plaidoyer corroboré par Alain Yav, Directeur général de l’agence en communication Pygma, qui a appuyé l’intégration de l’outil dans les métiers artistiques tout en gardant le contrôle. « LIntelligence Artificielle nous affecte tous dans notre quotidien, dans tout ce que nous faisons, mais en particulier dans le contexte des métiers artistiques, qui va influencer le métier, l’économie du métier : comment on gagne de l’argent, mais aussi la créativité, elle va challenger notre créativité, parce qu’elle est tellement rapide. J’ai proposé une approche de garder le contrôle, de l’adapter et de l’intégrer dans ce que nous faisons, plutôt que de la rejeter », a-t-il souligné.
Notons que cette matinée scientifique a non seulement exposé des problématiques autour de l’émergence de l’IA dans les métiers de l’art, mais aussi donné des pistes de solution pour la bonne utilisation de l’outil.